Aïki Mindfulness

 

Le plus simple est d’essayer d’expliquer l’expression. Commençons par mindfulness qui est un terme plutôt à la mode. La traduction française la plus utilisée est « pleine conscience » (vous pouvez le vérifier dans Google). Nombreux sont ceux (dont je suis) qui pensent que ce n’est pas la meilleure. « Pleine attention » ou « pleine présence » sont probablement de meilleures et plus précises traductions. Dans le cadre de l’Aïki Mindfulness, il s’agit de réaliser des exercices, des mouvements, des techniques, seul ou à deux en prêtant une grande attention à ce qui passe dans notre corps, à notre respiration, à nos sensations, à la relation avec le partenaire, etc. Ce n’est pas un art martial, il n’y a pas de compétition, pas de chutes.

Passons à aïki. La notion d’aïki vient de l’aïkido, art martial japonais. Les termes japonais sont très souvent des termes plus globaux que les termes occidentaux et sont difficilement traduisibles. se traduit en général par union, harmonie, fusion. Ki est un terme extrêmement complexe souvent traduit par : énergie, esprit, atmosphère. Il y a dans la notion de ki une idée de vitalité, de quelque chose qui circule. C’est la raison pour laquelle « énergie vitale » est souvent utilisée comme traduction. C’est le même idéogramme que le chi chinois comme dans taï chi. Aïki signifie donc l’harmonisation des énergies. En tout cas, il y a dans aïki, l’idée d’être ou de faire avec, de faire ensemble donc une idée de non-opposition. Dans l’Aïki Mindfulness, cette idée d’harmonisation va se traduire par la qualité de la connexion que l’on va réaliser avec ce qui extérieur à nous : le partenaire, mais aussi l’environnement, une porte, un escalier, l’air, etc. Ce avec quoi nous sommes en contact. Elle va se traduire également par la qualité de la connexion que l’on va réaliser avec nous-mêmes, notre propre corps. Comment nous connectons ses différentes parties pour avoir un corps global, unifié. Comment nous connectons notre corps et notre mental.

L’Aïki Mindfulness est donc une discipline où l’on va porter une grande attention à la relation que l’on va avoir avec l’intérieur (notre corps et notre mental) et l’extérieur (notre environnement souvent représenté dans les exercices par un partenaire). Ces notions d’intérieur et d’extérieur sont très importantes. La circulation entre les deux est constitutive du ki, une expression de la vie. Respirer, c’est ingérer de l’extérieur dans notre intérieur (inspiration) et expulser de notre intérieur vers l’extérieur (expiration). Même idée pour l’alimentation, ce que nous consommons nous construit. « Le lion est fait de moutons assimilés », disait Paul Valéry. Je me fais une représentation du partenaire et de mon l’environnement dans mon cerveau, mais je suis également présent dans le cerveau de mon partenaire.

Dans la pratique des arts martiaux, il est fréquent que les pratiquants débutants soient TROP focalisés sur l’extérieur. On comprend facilement pourquoi. Un art martial met en scène une situation d’agression même si elle est artificielle. Il faut absolument gérer l’extérieur. C’est pourquoi l’Aïki Mindfulness n’est pas un art martial. Cette trop grande focalisation sur l’extérieur se retrouve aussi dans la vie de tous les jours et en particulier au 21e siècle. Nous sommes sollicités pour ne pas dire agressés en permanence par l’extérieur : les bruits, les informations, les publicités, etc. L’explosion des outils technologiques – internet, les écrans : ordinateurs, tablettes, smartphones – renforce cette sollicitation qui tend à nous isoler sensoriellement de notre intérieur. Si les machines nous rendent la vie « plus pratique » (entendre moins d’effort), nous perdons des capacités pour lesquelles notre corps, fruit d’une évolution de millions d’années, est potentiellement fait. High Tech Shoes, Low Tech Feet dit Ido Portal. « Chaussures de haute technologie = pieds de basse technologie ». Les chaussures pour courir sont aujourd’hui très performantes pour amortir les contacts avec le sol, mais elles le font tellement bien qu’elles nous isolent du sol et que nous n’utilisons plus nos capteurs sensoriels sous la plante des pieds.

Un des objectifs principaux de l’Aïki Mindfulness est de rééquilibrer notre extérieur et notre intérieur.

P.S. :

Si on voulait traduire le terme anglais mindfulness en japonais, ce serait sans doute nen qui est composé de deux parties.

L’une , ima signifie maintenant. L’autre , shin ou kokoro signifie cœur, mais pas dans le sens de l’organe, plutôt dans le sens du lieu des sentiments et de la pensée. Cela donne une assez bonne idée de la traduction de mindfulness : être présent maintenant. Aïki Mindfulness pourrait donc se traduire par Aïki Nen, mais l’utilisation dans Aïki Mindfulness d’un terme japonais et d’un terme anglais donne un équilibre à l’expression qui est un des objectifs recherchés.